lundi 21 avril 2014

On n'est pas toujours obligé d'atteindre le résultat attendu...

Ce matin, je suis sortie courir.  Je suis sortie, fouettée par l’objectif d’atteindre 9km en une heure et par le fait même de me rapprocher du 10 km que je vise cette année.   Je suis revenue sans atteindre mon objectif, mais avec l’impression d’avoir subi une transformation plus profonde.

Je suis sortie aujourd’hui,  avec  l'objectif précis de battre mon record d’hier de 8,81 km en 1 heure.   Moi qui ne courais pas il y a 2 ans, ces chiffres m’impressionnent toujours.   Il était peut-être là le danger.  Les chiffres.

Je suis allée courir, parce que je ressentais ce besoin presque physique d’aller prendre l’air pour résoudre de grandes questions personnelles et professionnelles qui me dérangeaient.  Mais ça, je n’ai pas osé le reconnaitre comme une intention.    Neuf km en une heure.  C’est tellement un résultat plus concret.  Beaucoup plus simple à nommer et surtout plus facile à avouer.

J’ai mis dans mes oreilles, pour m'accompagner, un podcast d’une entrevue avec Elizabeth Gilbert (auteure de Eat, Pray Love, entre autres).  Ma grand-mère aurait dit : « Il n’arrive rien pour rien. »  À chaque demi kilomètre, la voix rassurante de mon application de course me laisser miroiter la possibilité d'atteindre le résultat visé.  

Puis, je me suis mise à porter plus d’attention aux propos de « Liz ».  Je l’ai écoutée parler de l’importance d’apporter de l’attention aux petites choses pour mieux comprendre les grandes, du pouvoir de la curiosité, aussi grand que celui de la passion et de la voix de la version vieille de nous-même qu'il faut parfois écouter. J’ai passé sous de grands arbres, le sourire au lèvres,  j’ai vu les  gens qui préparaient leur maison pour l’été, j’ai senti mon corps vibrer, la vie couler dans mes veines.  Je l’ai écoutée comme une amie qui répondait à toutes les questions que je n'osais me poser avec l’impression que ce qui me donnait des ailes c’était l’envie de vivre intensément toutes ces choses que je comprenais enfin.

Ce n’est qu’après un moment que j’ai réalisé ce qui s’était passé.  Quelque part en chemin, mon application de course avait cessé d’enregistrer le temps et la distance.  Au moment où j’ai vérifié combien il me restait de temps avant d’atteindre mes 9km, le compteur  n’indiquait  que deux km et un peu plus de 15 minutes  de course. L’entrevue de 50 minutes achevait.  J’avais l’impression que ma course était perdue. Parce qu’elle n’était enregistrée, c'est comme si elle n'avait mené nulle part.

Combien de fois dans ma vie on m’a répété l’importance d’avoir résultats me.su.ra.bles.  Sans mesure, il me semblait que ma course n’avait pas de raison d’être.  Il valait mieux rentrer à la maison peinarde, plutôt que courir un autre 15-20 minutes pour au moins compléter l’heure que je m'étais fixée.

J’ai pris le temps de sentir ma déception sans la juger, juste l’accueillir comme elle était.  J’étais triste et frustrée comme une enfant qui n’aurait pas un bulletin à rapporter à la maison, comme si le chiffre que je pouvais montrer était plus important que la sensation dans mon corps et que les milliers d’idées qui émergeaient. 

C’est là que j’ai compris.  Je n’avais aucun chiffre pour le prouver, mais cette course venait d’allumer des  milliers de petites étincelles embrasant mon feu intérieur que j’avais peur de voir mourir depuis quelques jours.  Soudainement, l’envie de grandir était de nouveau présente en moi plus forte que jamais.

C'est pour ça, que je suis venue m’assoir encore essoufflée et en sueur pour partager ici ce que je venais d’apprendre. 

Les objectifs que l’on se fixe  ne sont qu’un prétexte. Ce qui compte, c’est ce qu’on apprend en tentant de les atteindre.  À trop viser l’objectif, on oublie parfois le sens et l'intention de l'action que l'on pose. 


....Bientôt, bientôt des articles sur les autres petites étincelles allumées durant cette course.